BigbellesMag!: A lire ou à relire: Rencontre avec Marie!

Quand as-tu eu envie de faire ton blog et qu'est ce qui t'a donné envie de le faire?
J'ai commencé à rédiger mon blog le 5 mars 2008, il fêtera ses 4 ans bientôt. C'était à un moment où je me cherchais encore, où je ne trouvais pas ma place et où je me sentais malgré tout révoltée par le regard qu'on a sur les personnes fortes et les vannes qu'on peut nous lancer.
C'est très certainement après que quelqu'un, pour la énième fois, ait voulu me laisser sa place dans le métro pensant que j'étais enceinte que j'ai voulu le commencer d'ailleurs...

A ce moment là, mon blog était un moyen d'expression, tout simplement. Je connaissais peu

le milieu de la Size, je me sentais seule, et j'avais envie de partager mon vécu. Il y eu un but thérapeutique pour moi et à été évolutif. Au début je tournais les situations désagréables en dérision en les illustrant si j'en avais le temps. En quatre ans il s'est passé énormément de choses, j'ai parcouru quelques kilomètres sur le chemin de l'acceptation (même s'il y a toujours à faire). Petit à petit j'ai commencé à y poster des photos de moi, à parler de choses moins générales et à me dévoiler, parfois peut être trop. Ce qui est plus surprenant, c'est qu'il a aussi un peu aidé d'autres personnes à s'accepter, et à chaque fois que je reçois un message encourageant concernant ce que j'écris, je me dis que ces années de galère à s'accepter seront peut-être moins longues pour certaines. Enfin, le fait d'avoir la chance qu'on me propose de l'éditer est une façon pour moi de contribuer à l'évolution des mentalité, en dehors de la Size.

Que penses-tu de la mode "grande taille" en France? La mode grande taille en France à encore besoin d'évoluer, mais aussi d'être soutenue. C'est tout de même affligeant de vivre dans la capitale de la mode et de se voir obligée de commander sur internet ou de devoir aller à Londres.
Malgré tout, il y a une réelle évolution depuis une douzaine année. Ces choses là prennent du temps, les enseignes sont encore frileuses vis-à-vis de leur image. On sait qu'il n'est pas possible de trouver un même vêtement en 36 ou en 52, et depuis que j'ai compris pourquoi je ne râle plus devant les différence de prix entre les tailles (sauf si cette différence est exorbitante). Les grandes tailles demandent des coupes adaptées et un savoir faire, si je veux la même robe que ma meilleure amie qui fait du 40 et que le prix est 10€ plus cher pour ma taille 50, pas de problème du moment qu'elle est adaptée à MA morphologie. Ce que je reproche à la France pour le moment, c'est plutôt son manque d'originalité. Je ne doute pas que l'envie de bien faire soit là et je pense que le milieu de la confection a compris que les rondes avaient aussi du pouvoir d'achat, mais pour le moment je ne me reconnais pas dans la cible visée, pas assez jeune et parfois trop cher.

Tu as participé à une opération avec La Redoute qui t'a permis d'aller à la rencontre des femmes cet été...
J'ai eu le plaisir de faire partie de la tournée du Pop Up Store Taillissime l'été dernier. Trois semaines sur les routes, à aller à la rencontre des femmes rondes. Cela a été une expérience assez intense, et parfois éprouvante, que ce soit moralement ou physiquement. C'est toujours touchant de voir une jeune femme qui attend vos conseils parce qu' "elle n'ose pas". Là, nous avions pour mission déjà de les mettre à l'aise, nous étions entre filles, ce qui arrivait à les détendre, et surtout c'était un moment qui leur était entièrement dédié. Des femmes rondes qui s'occupent d'autres femmes rondes, je peux vous dire qu'elles ont aimé ça, beaucoup nous ont fait remarquer que c'était très différent que de se faire conseiller par une vendeuse dans une boutique traditionnelle.
C'est affolant de constater le regard négatif que peuvent avoir les femmes sur elles. Certaines étaient persuadées de faire du 50 alors qu'elles faisaient du 44, et d'autre pleuraient dans nos bras parce qu'elles ne s'étaient jamais senties belles avant de venir sur le show room. J'ai aussi rencontré des parents impuissants face à la détresse de leur fille, des maris qui découvraient leurs épouses transformées et des jeunes filles qui faisaient du 36 un peu jalouses de ne pas pouvoir en profiter.
Les gens étaient très intrigués par cette opération ! Cette expérience a vraiment été enrichissante et complètement folle. J'y ai fait de super rencontres (comme Céline Perrier et Diane Audrey de thacrunch.blogspot.com mais aussi le reste de l'équipe), l'ambiance était extra. Je ne sais pas encore si je ferai partie de la prochaine tournée, si Taillissime décide de renouveler l'expérience, mais je suis sûre que ce genre de manifestions peut contribuer à faire évoluer le regard des gens.

Quelles sont tes marques préférées? J'aime énormément Asos et Dorothy Perkins que l'on peut trouver sur internet. Quand j'ai envie de sortir avec des copines pour faire du shopping je vais généralement chez Newlook et H&M, mais je fouine plutôt dans les tailles standards, car parfois j'y déniche des perles (comme des blazers, car je n'ai pas des bras très forts, ou des tops). Du côté français... je commande parfois sur Taillissime ou Les 3 Suisses, mais ça reste occasionnel. J'aime beaucoup Torrid aussi même si j'ai rarement l'occasion de commander (pas de paiement par Paypal pour la France, des frais de douanes.. tout ça est assez contraignant).

Penses-tu que le regard des gens évoluent sur les femmes "rondes"?
Je ne sais plus si je suis assez objective, car je baigne dans le milieu des rondes depuis un moment. La personne la mieux placée serait extérieure à tout ça selon moi, mais malgré tout j'aime penser que les mentalités évoluent et que ce n'est pas qu'un phénomène de mode, car pour être efficace cela doit s'inscrire sur la durée. Les "rondes", j'en croise pas mal dans la rue et ce ne sont pas les mêmes que celles que je croise sur des "vide-dressing", lookées à souhait, ce qui démontre qu'il y a des rondes qui elles-mêmes ne savent pas que ça bouge!
Le but n'est pas de faire l'apologie de l'obésité,
mais de comprendre, d'admettre qu'on peut être en surpoids et bien dans ses pompes, sans avoir à céder aux diktats d'une mode "photoshopée".

Tu as écrit un livre que nous avons beaucoup aimé à BigBellesmag, peux tu nous parler un peu de cette expérience
et de tes projets aussi?J'ai été repérée le 10 décembre 2010, quand mon éditrice à ouvert un numéro de Be qui avait pour thème "J'ai fait la paix avec mon corps" pour lequel j'étais interviewée. Cela faisait un moment que les éditions Michel Lafon souhaitaient publier le témoignage d'une femme ronde, mais il était important pour eux que cela ne soit pas larmoyant. Entre mon témoignage, mon blog et la personnalité qu'ils ont pu se sentir sur le reportage de 7 à 8 diffusé quelques jours après la sortie de Be, ils m'ont contacté pour me proposer ce projet.
Il m'a fallu un certain temps pour réaliser ce qui m'arrivait, car être éditée était un rêve et j'aurais vraiment été bête de ne pas accepter cette aventure. Il a fallu sélectionner certains passages, les retravailler et en écrire d'autres. C'était un challenge car je n'ai eu que quelques mois pour le finaliser et surtout je voulais garder l'esprit "blog" en faisant des chapitres par thèmes et non en suivant une pseudo chronologie. Actuellement j'ai prévu d'apporter un second souffle au blog marie-ou-les-infortunes-de-la-rondeur.blogspot.com, j'ai besoin d'aborder d'autres sujets. J'ai envie de prendre un peu de recul par rapport à cette année 2011 où je n'ai pas trop eu le temps de respirer, ça a été assez soudain malgré tout et j'ai envie de m'occuper de moi
et de mes autres projets, comme éventuellement un second livre, plus orienté "chik' lit". ..
Pour 2013 peut-être... ☺

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